Naissance de Tradi’Défi
Comment est né « Tradi-Défi » ?
On venait de terminer une réunion de la Fédération des Groupes Folkloriques Bourguignons. Traditionnellement ces réunions sont suivies d’un repas pris en commun. Oh ! Pas le grand restaurant, non. Mais, après un petit apéro (rosé pamplemousse ou Kir), Nicole, la femme de Jean-Do, nous concoctait des spaghettis à la bolognaise, toutes simples mais tellement délicieuses. Ajoutez à cela la célèbre salade à la Yoma (un composé savant de salades, saucisses, radis et mille autres ingrédients encore). Puis venaient les tartes ou autres flans préparés et apportés par chacun.
Nous en étions justement à déguster une tarte aux cerises (celle d’Hubert est délicieuse) en discutant. Nous parlions des Fêtes de la Vigne à venir. Ça parlait gros sous… et que les Fêtes de la Vigne coûtaient cher, et que les groupes étrangers (si on voulait de la qualité) étaient de plus en plus onéreux, et que… et que… C’est alors que je pris la parole. Il faut dire que je suis, comme tant d’autres, très jaloux de ce que font les Bretons de leur folklore (le festival de Lorient mondialement connu !). Un folklore vivant et très populaire. Rien de tel chez nous, en Bourgogne, et pourtant… Nous avons tout ce qu’il faut : un répertoire, un style, des traditions, des musiciens, des danseurs… Mais la Bourgogne trop souvent passe pour faire rimer folklore avec ringard ! Nous avions prouvé en 2008 qu’il n’en était rien avec notre spectacle « Bœuf Bourguignon !
Alors, j’ai pris la parole : « J’ai un rêve (I have a dream ) ! Et si on donnait rendez-vous à tous les musiciens qu’on connaît sous la Porte Guillaume, on descendrait la rue de la Liberté en jouant et ça ne coûterait pas un sou ! Quelques coups de téléphone ou quelques mails, et on rassemblerait, c’est sûr, tout plein de musiciens ! »
Voilà, j’avais parlé. Mais j’ai été bien surpris quand Danielle Faucillon, après un silence et en me regardant droit dans les yeux, m’a dit : « Chiche ! » et que tous les copains autour de la table ont renchéri : « Chiche ! ».
Roger Sastre, toujours aussi pragmatique, a proposé : « Je suis toujours Président d’une association permettant d’organiser des manifestations folkloriques. Cette association est en sommeil depuis des années. Il est temps de la réveiller pour ce projet. »
Et là, les vieux fous que nous étions sont devenus de jeunes passionnés. Qui fait quoi ? Comment s’organise-t-on ? Qui téléphone à qui ? Et la Mairie de Dijon, comment l’impliquer dans ce projet ?... et… et…
Par la suite, nous avons résolu tous nos problèmes administratifs et nous avons réussi à rameuter une bonne centaine d’instrumentistes : vielles, cornemuses, accordéons, violons… Notre répertoire était des plus simples et tous les morceaux étaient connus de chacun. Après trois répétitions, nous étions prêts à déambuler dans la rue de la Liberté.
La Mairie de Dijon, montrant de l’intérêt pour notre manifestation, nous a proposé d’intégrer notre défilé à la parade des Pleurants – les Pleurants (statuettes de moines entourant le tombeau des Ducs de Bourgogne et pleurant leur mort) rentraient d’une tournée mondiale. On nous fournissait Tee-shirt et apéro et nous devions jouer le long du cortège. On ne s’est pas fait prier.
C’est ainsi que le 7 septembre 2013, un samedi matin, nous nous sommes tous retrouvés à la salle Devosge pour une ultime répétition générale. Puis nous avons rejoint le cortège des Pleurants et joué en déambulant, avec notre escargot géant, rue de la Liberté, apportant notre joie de vivre à la gauloise tellement communicative. Et nous en avons bien eu besoin de cet enthousiasme, la pluie essayant d’éteindre le feu qui nous animait… et jouer en poncho avec des sacs-poubelle protégeant les instruments, ce n’est ni facile ni agréable.
Nous l’avons fait !
Le premier Trad-Défi était né. Il serait suivi de bien d’autres, mais ça, c’est une autre histoire.
Jean Rhodde
Le 22 octobre 2020